Cimetière paysager des Joncherolles
Avec les cimetières de Clamart et de Valenton, le cimetière des Joncherolles créé en 1977 est l’un des trois grands cimetières intercommunaux de la région parisienne conçus par l’architecte-urbaniste Robert Auzelle (1913-1983), figure internationalement connue pour son travail sur l’architecture et l’urbanisme funéraire. Après le Père-Lachaise, les Joncherolles est le premier cimetière de la région parisienne à avoir été équipé d’un crématorium.
Aux Joncherolles, la plus grande singularité du site, réside en la mise en « sur sol » des aires d’inhumations. En raison de contraintes géologiques, les concessions sont réparties sur des levées de terres de 2.5 à 3m au-dessus du terrain naturel, séparées entres elles par des fossés plantés. Cette surélévation a été rendue possible par le réemploi en décharge contrôlée de remblais issus de nombreux chantiers d’infrastructure de la région. En dissociant, les espaces d’inhumations du maillage d’allées primaires, le visiteur qui traverse la nécropole se trouve ainsi dans l’impossibilité de percevoir les monuments funéraires. C’est un parc qu’il parcourt.
Depuis 2014 l’atelier travaille à l’intégration des programmes répondant à l’évolution des pratiques funéraires et aux transformations urbaines du secteur : création d’un jardin du souvenir et de nouveaux carrés confessionnaux, affirmation du caractère de parc public par la création de nouvelles entrées en accompagnement de l’arrivée des tramways T5+T8, création d’une gamme signalétique et de mobilier pour faciliter le parcours des visiteurs avec introduction d’un parcours patrimoine. La restauration du projet initial est également nécessaire : rénovation des sols et mise en accessibilité PMR, restauration de la cour des marbriers, stratégie de replantation, et renouvellement des portes des cases du columbarium. La protection de l’environnement et le développement d’une démarche favorisant la biodiversité est également au cœur du projet avec l’amélioration de la gestion des eaux pluviales et la résorption des poches d’eau souterraines des divisions en sur-sol, le traitement d’une décharge in situ.
Création du jardin du souvenir
Créé sur une emprise de voirie trop largement dimensionnée, dans le prolongement de la grande perspective traversant la cour des marbriers, le nouveau jardin du souvenir fait face au grand mail de peupliers d’Italie, grandes verticales sur l’horizon, évoquant l’interaction entre le monde des vivants et celui des morts.
Le jardin du souvenir compose entre ces deux espaces que sont la cour et le mail. Un espace de cérémonie avec tables, bancs et pupitres est créé face aux nouveaux puits de dispersion. Une allée des plaques commémoratives est aménagée le long du mail et met à distance cet espace symbolique de recueillement. Les arbres autrefois privatisés par la présence de fleurs et objets déposés par les familles, retrouvent leur caractère intemporel.
Rendu impossible du fait de l’appropriation des arbres par les familles, le renouvellement du mail est prévu à terme.
PHOTOS ÉTAT DES LIEUX
APRÈS TRAVAUX
Effacement de la fontaine du crématorium
Une fontaine et un escalier ont été ajoutés à la composition d’entrée du crématorium au cours des années 2000. Devant les difficultés de fonctionnement de la fontaine, le maitre d’ouvrage a souhaité revenir à un aménagement plus simple et demandé l’adaptation de l’escalier aux normes PMR.
Après la dépose de la fontainerie, nez de marches, plantations et main-courante ont été rapportés sans démolir l’essentiel des ouvrages maçonnés existant.
PHOTOS ÉTAT DES LIEUX
APRÈS TRAVAUX
Création de l’entrée sud
L’arrivée des lignes T5 et T8 à Villetaneuse a incité le SICJ à créer de nouvelles entrées du site afin de réduire les temps de parcours depuis les stations de tramway.
L’entrée sud est réalisée à l’emplacement d’une entrée de service, elle permet de redimensionner les bassins de régulation des eaux pluviales existant et de les intégrer à la composition paysagère.
Les nouvelles entrées renforcent le caractère de cimetière paysager, véritable parc public ouvert sur le quartier, imaginé par Robert Auzelle.
PHOTOS ETAT DES LIEUX
APRÈS TRAVAUX
Traitement de la “décharge” et création d’une division
Les divisions en sur-sol du cimetière des Joncherolles ont été réalisées au moyen de remblais issus des tunnels du RER A. Un stock de remblais excédentaires abandonnés à la périphérie du site a servi de lieu de dépôt des déchets (produits des fouilles, fragments de monuments funéraires, fleurs et couronnements…) des marbriers de 1977 à 2011.
L’ensemble a fini par constituer une butte de 23 000m3 inaccessible et en friche. En 2011 le SICJ a mis en place une politique de tri sélectif des déchets et décidé le traitement de la “décharge” avec l’objectif de créer une réserve foncière pour une nouvelle division.
Notre intervention, réalisée 100% in situ et sans export, a permis le confinement des produits issus du criblage dans un merlon périphérique, le remodelage du volume en cohérence avec le projet Auzelle et la création d’une plateforme de 2800m2 d’une capacité de 350 sépultures.
Ce programme a été réalisé en 2 chantiers successifs :
1 / dépollution, terrassement, plantations
2 / création d’une nouvelle division (sols, réseau , plantations)
PHASE 1 : CHANTIER DÉPOLLUTION, TERRASSEMENT, PLANTATION
PHASE 2: CRÉATION D’UNE NOUVELLE DIVISION
Réhabilitation des divisions en sur-sol
La réhabilitation des divisions en sur sol a permis le drainage en profondeur des eaux infiltrées dans les remblais, la réfection et la mise en accessibilité PMR des allées, le ré-aménagement de chaque espace de service, la gestion des eaux de ruissellement dans un maillage de fossés existants remodelés, le renouvellement de l’intégralité des plantations.
Le projet de plantation est attentif à travailler les continuités et fermetures visuelles de façon à garder une lisibilité des parcours, retrouver les jeux de silhouettes, ponctuations et repères visuels voulus par Robert Auzelle.
Les essences sont choisies pour participer à l’assainissement des remblais argileux ponctuellement saturés d’eau, répondre aux objectifs de biodiversité, de réduction des coûts de gestion (réduction du linéaire de haies à tailler).
Des bancs sont installés aux emplacements stratégiques en complément de l’aménagement des espaces de service (borne fontaine, mur paravent et plantation d’arbre). Une gamme de mobilier (bancs, assises, corbeilles) et une signalétique dessinée spécialement pour le cimetière guident le visiteur sur l’ensemble du site.
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STRATÉGIE DE PLANTATION : DEMARCHE DE PROJET ROBERT AUZELLE ET PROPOSITION DE RENOUVELLEMENT DES PLANTATIONS
AVANT / APRÈS
PLAN PROJET
1ERE PHASE CHANTIER
Restauration de la cour des marbriers
Délimitée par deux galeries couvertes, la cour des marbriers est un espace de distribution, où se font face les cellules commerciales des marbriers et des salles d’accueil des familles.
Pièce essentielle de la composition du cimetière, elle met en relation la composition d’entrée et les bâtiments d’administration avec les divisions du cimetière.
Comme pour l’ensemble du site, la cours des marbriers témoigne d’une démarche sensible menée par Robert Auzelle sur les bétons (préfabriqués sur site), le parcours de l’eau, l’intégration architecturale et paysagère.
Vétuste et ne répondant pas aux règles d’accessibilité PMR, le projet vise sa restauration et sa mise aux normes, tout en respectant les principes structuraux d’origine à savoir de grandes dalles texturées et de larges joints de mortier coloré composés sur la trame constructive du bâti. Après une démarche de sourcing en phase d’étude, un travail spécifique a été fait avec les entreprises de travaux afin de retrouver le granulat, la composition du béton et sa mise en œuvre.
En cours basse, les monuments funéraires exposés à la vente sont reportés sur la cour arrière afin de retrouver le caractère jardiné initial destiné à l’exposition des plantes en pots destinés à la vente.
Des tables d’exposition réalisées par les marbriers au fil du temps sont repensées pour une meilleure intégration. Les rampes d’accès et les escaliers sont composés en respectant les codes architecturaux (béton, briques).
Le long de l’allée principale menant à la cour, les dalles d’origine nettoyées sont reposées pour affirmer le caractère patrimonial du site.
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DOCUMENTS PROJET
MAÎTRISE D’OUVRAGE SICJ- Syndicat Intercommunal du Cimetière des Joncherolles
ÉQUIPE Atelier Sylvos paysagiste mandataire / SOGETI Ingénierie, hydraulique, VRD et économie / SEMOFI hydrogéologie et gestion des déchets / Atelier A Kiko designer
MISSION Accord cadre de maîtrise d’œuvre
BUDGET 6,6 M € HT
SURFACE 20 hectares
PHOTOGRAPHIES Atelier Sylvos / Arnauld Duboys-Fresney
