Concours d’idée AMITER - Site de Touques

 

Dans le contexte où le réchauffement climatique aggrave l’exposition au risque de nombreux territoires, le concours d’idée AMITER (Mieux aménager les territoires en mutation exposés aux risques naturels) vise à faire émerger de nouvelles approches dans la conception du renouvellement urbain des sites exposés, en faisant du risque un levier de projet au service de la réduction de leur vulnérabilité.

Le lit majeur est un milieu aux risques d’inondation variés, tributaire de divers phénomènes prévisibles et imprévisibles, et de leurs concomitances possibles. Cette dimension multi-paramétrique du phénomène ne permet pas de modélisations prospectives certaines et déterminées. Si la dilatation du fleuve est une certitude, ses formes, hauteurs et temporalités restent quant à elles incertaines. Pour anticiper et déjà assimiler ces changements inévitables du territoire de la Touques, l’enjeu est alors avant tout de réapprendre à voir, et à sentir les mouvements de l’eau, et de les rendre présents dans l’environnement urbain et dans les pratiques quotidiennes de ses habitant.e.s.
Le projet propose de nouvelles manières de co-habiter à des échelles variées (de l’Estuaire à la Confluence et au site pilote) avec ses rythmes et ses vulnérabilités, mais aussi de co-construire une culture commune des risques d’inondation et submersion du territoire. Il s’agit de recomposer son aménagement à partir de ces fluctuations et d’inscrire différents niveaux d’attention aux risques d’inondation : les sols vulnérables, une marge de vigilance et une zone refuge de mise à l’abri.
Le site pilote développe différentes familles d’interventions urbaines, architecturales et paysagères, toutes déclinées sur deux horizons temporels interdépendants: temps 1 et 2 .

 

L’ESTUAIRE

 

LA CONFLUENCE
Le site pilote

 
 

TYPOLOGIES ADAPTABLES

1. INTERVENTIONS TACTIQUES - RETOURNEMENT VERS LA TOUQUES

Pour renforcer le rôle moteur et démonstrateur de ce site-pilote, quelques opérations tactiques peuvent être posées à court- et moyen termes, telles que la mise en place de la réhabilitation du bâtiment en brique d’Engie en base nautique comme premier acte de retournement vers la Touques ou encore la construction de la Maison de la Touques, un nouvel équipement public évolutif, tant dans la forme que dans l’usage.

La base nautique, nouveaux lieux de vie et de rencontre

pour amorcer un retournement urbain vers le fleuve

La maison de la Touques, architecture tactique

et politique

 

2. ELEMENTS PAYSAGERS STRUCTURANT SUPPORT D’UN DEVELOPPEMENT RAISONNE

Pour structurer le processus de transformation, les actions urbaines et paysagères ont pour rôle d’agencer et articuler les multiples actions proposées. Elles sont le support d’une évolution raisonnée et cohérente du quartier. Leur
particularité est d’entremêler régulation technique et naturelle du risque d’inondation.
La transformation de la rue du Docteur Lainé en digue-quai devient un tracé directeur urbain
réglementaire sur des dizaines d’années pour amorcer la transformation de la rue, nouvelle rive de la Touques au temps 2.
La renaturation l’Epinay jusqu’au quai
de la rue Docteur Lainé ouvre une large fenêtre sur le fleuve depuis la ville, faisant entrer le mouvement des marées dans le paysage quotidien et les pratiques de ces habitants.

TEMPS 1

TEMPS 2

3. ARCHITECTURES ET AMÉNAGEMENTS DE TRANSITION ACCOMPAGNEMENT DU REPLI

Si la montée de l’eau est une certitude, la question de sa temporalité adresse
toutefois un grand nombre d’incertitudes.
Le projet propose alors d’expérimenter des interventions de transition, c’est-à-dire des architectures et aménagements qui occupent les lieux en attendant d’être donnés à l’eau.
Il s’agit de proposer des programmes (plate-forme de chantier ; rez-de-chaussé tempo-
raires) et des formes bâties (ateliers et bureaux démontables ; transformation des bâtiments Engie/Enedis) qui accompagnent le repli.
Pour cette famille d’intervention, les principes de démontage et recyclage sont déterminants.

La plateforme de chantier,
les jardins de dépollution

La plateforme de chantier,
les sols perméables issus du réemploi

 

4. TYPOLOGIES ADAPTABLES PAR ANTICIPATION SELON LES FLUCTUATIONS

Dans cette famille d’interventions, le projet présente une série de typologies architecturales, à la fois expérimentales et exploratoires. Il s’agit de reconsidérer les formes des bâtis, leurs usages et leur mutabilité afin de les rendre adaptables aux fluctuations du fleuve, mais aussi à la montée progressive de l’eau dans les terres. Le projet prête à ces typologies un principe de démonstration : sans surenchère technique, comment l’architecture peut-elle être partie prenante de l’invention de nouvelles manières d’habiter un milieu imprévisible et vulnérable ?

Les immeubles sur quai

Les maisons variables du marais

Les bâtiments retroussés


exemple: l’auberge des saisonniers

 

5. TRANSFORMATION DE L’EXISTANT AVOISINANT, ADAPTATION AUX CONTRAINTES ET BESOIN

Les maisons variables du marais constitue une nouvelle typologie de maison qui se mettra en place progressivement sur un réseau de chemin surélevés en continuité du merlon de la Maison de la Touques à 6 mètres NGF. Ces maisons varient au-dessus de jardins humides en contrebas qui peuvent se remplir d’eau pendant les grandes crues. Le logement se développe en plateaux autour d’une structure porteuse qui permet son “glissement” : déplis vers le bas au contact du jardin humide et replis vers le haut quand l’eau monte.

La mutation de l’ îlot Eglantier (actuels entrepots) est stratégique afin d’adapter le quartier à l’inondation et accueillir les nouvelles populations à long terme. Une préservation réglementaire, voire foncière est à mettre en place sur une dizaine d’années (PLU, préemption, promotion immobilière…), les nouvelles constructions intégreront les projections d’inondabilité du temps 2.

Les maisons de villes en lanières. La mutation sera au cas par cas, nécessitant un accompagnement des habitants. Les actions de démolition, reconstruction, conservation s’appuiront sur les principes du plan guide: continuité du quai et possibilité de rehaussement de 1m, plancher haut des logements habitables à la cote + 9 m NGF, autorisation à l’utilisation des rez-de-chaussée par des activités déplaçables une fois le seuil critique de la montée des eaux atteint.

Les maisons de villes

en lanières

 
 
 

Projet Lauréat du site Cœur Côte Fleurie-Touques & Grand Prix national du concours d’idée 2021

MAÎTRISE D’OUVRAGE AMITER, Ministère de la transition écologique, PUCA, CEREMA Communauté de communes Cœur Côte Fleurie
ÉQUIPE Yannick Gourvil ET ALORS (mandataire) / Bernard Couvert et Thomas Beillouin ARTELIA / Florence Sylvos et Marika Charpentier ATELIER SYLVOS paysages / Chris Younès philosophe / Antoine Begel COMMUNE / Céline Bodart / Zoé Faou / Arnaud Bical BMC2 architectes
MISSION Concours d’idée AMITER